Tant ai parlé,
que suis au lit
u on doit
faire le délit
Jacques d'Amiens
la bibliothèque
bruit
la
bibliothèque
bruit d'un frisson de pages
quelques
livres s'ouvrent
des
dictionnaires
s'ouvrent au verbe ouvrir
à
la forme réfléchie
à
la forme pronominale
la porte
de la bibliothèque grince
il entre
des jeunes filles
des femmes
des enfants
qui vagissent
lorsqu'un
enfant paraît l'édifice des livres s'écroule
les livres
se rétractent
le silence
est chagrin
le barbare
est dans les runes
il y a
des livres criant de vérité
si la
vérité
criait les bibliothèques seraient bruyantes
les enfants
en entrant se boucheraient les oreilles
la
vérité
ne sortirait plus de la bouche des enfants
en entrant
dans les bibliothèques les enfants resteraient
bouche
bée
le silence
s'achète avec une carte
vous
déposez
votre voix à l'entrée
s'il n'y
a pas d'endroit où mettre votre voix
n'ayez
pas la gorge nouée
se taire
s'apprend
j'ai appris
à me taire
tu as appris
à te taire
elle n'a
pas appris à se taire
ou
plutôt
elle ne dit rien
elle ne
tient pas en place
elle n'avance
pas dans sa lecture
son corps
empêche ses yeux de passer
son corps
est devant elle
elle ne
le voit pas mais il est devant elle
elle ne
voit que lui
l'homme
qui est en face d'elle
l'homme
qui est en face d'elle est son corps
je suis
un livre dit-elle
je suis
un livre vivant
j'ai des
feuilles
et je marche
je suis
une forêt qui marche
j'ai des
cris
j'ai
l'univers
entier dans mes feuilles
j'ouvre
j'ouvre
intransitivement
j'attends
qu'on m'ouvre
mets tes
mains
jacques
d'amiens
trèstout
partout
u il te
siet,
la
bibliothèque
s'écarte
la terre
est suspendue dans le ciel
la terre
ne tourne pas
la terre
ne tourne plus
jacques
d'amiens est un hérétique
jacques
d'amiens affirme que la terre n'a jamais tourné
mais la
femme
qu'il n'y
a d'autre écriture que du corps de la femme
qu'il n'y
a d'autre écriture que de l'amour que donne
le corps
de la femme
t'amie
aussi a son talent,
accordes
vous au finement
jacques
d'amiens sort de la bibliothèque
les rayons
de la ville bourdonnent
des hommes
passent sur la tranche
des femmes
traversent la rue comme un signet
les enfants
se taisent
le puits
de la vie s'ouvre devant jacques
la biblioteca
rumoreggia
la biblioteca
rumoreggia per un fruscio di pagine
libri si
aprono
dizionari
si aprono al verbo aprire
alla forma
riflessiva
alla forma
pronominale
la porta
della biblioteca cigola
entrano
ragazze
donne
bambini
che vagiscono
quando
un bambino appare la casa dei libri crolla
i libri
si ritraggono
il silenzio
raggrinzisce
il barbaro
è nelle rune
ci sono
libri che gridano di verità
se la
verità
gridasse le biblioteche sarebbero assordanti
i bambini
entrando si tapperebbero le orecchie
la
verità
non uscirebbe più dalla bocca dei bambini
entrando
nelle biblioteche i bambini rimarrebbero
a bocca
aperta
il silenzio
si acquista con una carta
depositate
la vostra voce all'entrata
se non
c'è un deposito-voce
non fatevi
un nodo alla gola
a tacere
s'impara
io ho
imparato
a tacere
tu hai
imparato a tacere
lei non
ha imparato a tacere
o piuttosto
lei non dice niente
lei non
sa stare ferma
lei non
va avanti nella lettura
il suo
corpo impedisce ai suoi occhi di passare
il suo
corpo è davanti a lei
lei non
lo vede ma è li davanti a lei
lei non
vede che lui
l'uomo
che è di fronte a lei
l'uomo
che è di fronte a lei è il suo corpo
io sono
un libro lei dice
io sono
un libro vivente
ho dei
fogli
e cammino
sono una
foresta che cammina
ho delle
grida
ho l'universo
intero nelle mie foglie
io apro
io apro
intransitivamente
aspetto
che mi si apra
mets tes
mains
jacques
d'amiens
trèstout
partout
u il te
siet
la biblioteca
si sposta
la terra
è sospesa nel cielo
la terra
non gira
la terra
non gira più
jacques
d'amiens è un eretico
jacques
d'amiens afferma che la terra non ha mai girato
ma la donna
sì
che non
c'è altra scrittura che il corpo della donna
che non
c'è altra scrittura che l'amore che
il corpo
della donna dà
t'amie
russi a son talent
accordes
vous nu finement
jacques
d'amiens esce dai ripiani
i raggi
della città ronzano piano
degli uomini
passano sul taglio
delle donne
attraversano la strada come un segnalibro
i bambini
stanno zitti
il pozzo
della vita si apre davanti a jacques
Traduzione
di Vivian Lamarque